RÉFLEXION SUR LA RÉSURRECTION
La résurrection tient la place centrale dans la foi chrétienne; c’est aussi le mystère le plus mal compris.
Tout d’abord, la résurrection n’est pas seulement un phénomène de l’après-vie; elle est déjà commencée chez tous ceux et celles qui ont en eux la grâce divine. Car la grâce, c’est la vie même de Dieu en nous; elle est donc une semence de vie éternelle en germination dans notre humanité actuelle. Par la grâce, nous vivons au-dessus de nos moyens : nous pouvons connaître Dieu de sa propre connaissance et nous pouvons l’aimer de son propre amour. À la suite de la mort, par la résurrection, la vie divine se manifestera dans toute sa splendeur.
Plusieurs croient faussement que seule l’âme humaine ressuscite. Ils ont de la difficulté à s’imaginer que le corps puisse lui aussi participer à la résurrection. D’autres pensent à tort que la résurrection des corps serait une forme de réanimation de notre corps charnel, une sorte de miracle comme celui de la réanimation de Lazare. Enfin, un certain nombre se méprennent en considérant la résurrection comme un passage momentané dans l’au-delà avant de pouvoir se réincarner à nouveau.
Mais comment se réalisera la résurrection de l’après-vie? Avec la résurrection se manifestera la pleine révélation de la vie ou de la gloire divine en nous, non seulement dans notre âme mais aussi dans notre corps ressuscité. C’est alors que nous participerons à la vie de Dieu, le Père, qui a ressuscité son Fils Jésus par la force de l’Esprit, permettant ainsi à tous de vaincre la mort comme lui et de vivre de sa vie. Ce n’est pas en vertu de nos propres mérites que nous vivrons de la vie même de Dieu, mais en vertu de l’amour dont il a aimé tous les humains dans son Fils. C’est lui, Jésus Christ, qui, dans sa chair, a fait le passage de la mort à la vie et a promis de ressusciter tous ceux et celles qui croient en lui. N’a-t-il pas dit : « Je suis la Résurrection et la Vie » ?
Mais de quel corps s’agit-il? Il n’est sûrement pas question ici du corps charnel, mais plutôt d’un corps mystérieux, énergétique et lumineux qu’on appelle le « corps glorieux » ou corps spirituel. C’est un corps qui retient l’identité du corps charnel sans en garder les qualités matérielles. Déjà, sur terre, le corps aura subi plusieurs transformations sans perdre son identité; il en sera de même dans la résurrection, où il sera transformé d’une manière plus radicale. Il deviendra un corps rayonnant de beauté et de maturité, un corps sans souffrance, un corps qui, au lieu de tenir l’âme prisonnière, en deviendra le parfait moyen d’expression. Il participera donc aux qualités spirituelles de l’âme, en lui obéissant en tout.
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Il serait inconcevable que le corps, qui a été intimement lié à l’âme tout au long de la vie terrestre, ne participe pas lui aussi au rayonnement de la gloire du Christ cosmique, parfait reflet de l’amour de Dieu.
Extrait du livre Le temps précieux de la fin de Jean Monbourquette et de Denise Lussier-Russel, publié en 2011 chez l’éditeur Novalis (p. 190-191).