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Paroisse du Bon-Pasteur

Textes de réflexion

UN MOIS POUR AIMER

Rémi Lepage o.m.i.
Direction du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap

Article publié dans la Revue Notre-Dame-du-Cap, Novembre 2022, p.5

L’auteur donne une explication sur le sens de la prière pour les défunts

Au Sanctuaire comme ailleurs, novembre nous offre des occasions de prier pour les défunts. Les proches qui nous ont quittés nous manquent beaucoup et il est consolant de croire que nous pouvons continuer de les aimer en priant pour eux.

La prière pour les défunts fait partie de nos pratiques, par exemple au cours de l’eucharistie ou du chapelet. Nous croyons que ces prières ont un sens, une utilité. Nous avons conscience que si Dieu pardonne les péchés, il se peut que ceux qui nous ont quittés aient besoin d’être purifiés, d’entrer davantage dans la pureté de l’amour pour être dans la pleine vision de Dieu. Notre prière leur apporte une aide spirituelle.

Il est difficile d’envisager le possible besoin d’être purifiés, pour nos défunts ou pour nous-mêmes. Qui n’espère pas, au moment de la mort, entrer au ciel directement? Nous pouvons alors chercher des raisons de croire que le besoin d’être purifiés après la mort n’existe pas, comme le fait que le mot « purgatoire » soit absent de la Bible, que la croyance en l’existence du purgatoire ne se soit clarifiée qu’au Moyen Âge ou soit mise en doute par des confessions chrétiennes. Pourtant, cette doctrine a connu tout un développement au cours de l’histoire, grâce à des Pères de l’Église, à des théologiens, à des saints. Le concile Vatican II lui-même évoque ceux qui, « ayant achevé leur vie, se purifient encore » (Lumen gentium, 49).

Or, la découverte de l’amour de Dieu nous fait voir différemment notre besoin d’être purifiés. Pour le réaliser, nous pouvons lire le Traité du purgatoire de sainte Catherine de Gênes, disponible en ligne. En quelques brefs chapitres, cet écrit fait reconnaître combien les défunts qui sont en train d’être purifiés sont déjà transformés par l’amour de Dieu. Ils sont libérés de leur ego et tout désireux que s’accomplisse la volonté de Dieu. Ils voient la bonté de Dieu à l’œuvre en eux. L’amour dans lequel ils se trouvent les fait désirer eux-mêmes cette purification, à la fois source de souffrance et de joie.

Dans son encyclique sur l’espérance, Benoît XVI a rappelé que « grâce à l’Eucharistie, à la prière et à l’aumône, « repos et fraîcheur » peuvent être donnés aux âmes des défunts ». Il nous a éveillés au salut des autres : « En tant que chrétiens nous ne devrions jamais nous demander seulement : comment puis-je me sauver moi-même? Nous devrions aussi nous demander : que puis-je faire pour que les autres soient sauvés et que surgisse aussi pour les autres l’étoile de l’espérance? » (Spe salvi, 48). Que ce mois de novembre nous fasse aimer les défunts, en priant pour eux.


QU’EN EST-IL AU JUSTE DU PURGATOIRE?

Voici la doctrine de l’Église, exprimée dans le Catéchisme de l’Église catholique : « Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel » (1030). Depuis le 12e siècle, cette purification finale est appelée le purgatoire. De ce mot, écartons tout ce qui ressemblerait à une fournaise où brûle un feu qui fait souffrir les âmes pour expier les conséquences de leurs péchés.

L’âme est une réalité spirituelle. Comment le feu peut-il l’atteindre? Le feu est une image pour exprimer la purification qui dispose les âmes à voir Dieu. Selon le pape Benoit XVI, « le feu qui brûle et en même temps sauve est le Christ lui-même, le Juge et le Sauveur. La rencontre avec Lui est l’acte décisif du Jugement. Devant son regard s’évanouit toute fausseté. C’est la rencontre avec Lui qui, nous brûlant, nous transforme et nous libère pour nous faire devenir vraiment nous-mêmes » (encyclique Spe salvi sur l’espérance chrétienne, 47). Le purgatoire n’est donc pas un lieu, mais un devenir, une expérience de purification et un ajustement final qui prélude à l’union parfaite avec Dieu. La seule et vraie souffrance est celle de ne pas encore « voir Dieu », mais elle est accompagnée de la certitude de vivre pour toujours en sa présence. Benoît XVI précise que la durée du purgatoire ne peut pas être calculée avec les mesures chronométriques de ce monde parce qu’il échappe au temps.

LES FONDEMENTS

Le mot « purgatoire » n’est pas dans la Bible, mais sa doctrine y est déjà esquissée. Tout est parti d’une donnée qui remonte à la fin de l’Ancien Testament: il est bon de prier pour les défunts. C’est ce que fit Judas Maccabée en organisant une prière et même un sacrifice pour des soldats morts au combat (2 Maccabées 12, 41-46). Cette conviction d’intercéder pour les défunts a été celle de l’Église ancienne. La liturgie fait état très tôt d’une prière pour les défunts. Cette pratique présuppose qu’après la mort, il reste à l’être humain une possibilité de purification. Après son pèlerinage terrestre, il peut être purifié par l’amour divin qui brûle en lui tout ce qui empêcherait de communier pleinement à Dieu et aux autres.

DANS LA COMMUNION DES SAINTS

La réalité de la « communion des saints » nous permet de mieux comprendre l’union intime et l’intense partage entre les vivants de la terre et ceux de l’au-delà. « Qui n’éprouverait le besoin, écrit Benoît XVI, de faire parvenir à ses proches déjà partis pour l’au-delà un signe de bonté, de gratitude ou encore de demande de pardon? » (Spe salvi, 48). Aucun être humain n’est une monade fermée sur elle-même. « Il n’est jamais trop tard, poursuit Benoit XVI, pour toucher le cœur de l’autre et ce n’est jamais inutile. » Or, dans la célébration de l’Eucharistie, nous vivons une mystérieuse présence les uns aux autres. Nous demandons au Seigneur de se souvenir de nos défunts, et même nous les nommons. Quand nous disons « Souviens-toi, Seigneur », nous lui demandons d’agir. La célébration de l’Eucharistie devient l’espace d’une profonde communion d’amour et de prière avec ceux et celles qui nous précèdent dans la maison de Dieu le Père et qui sont toujours de la grande famille.

Normand Provencher o.m.i.

Article publié dans la Revue Notre-Dame-du-Cap, Novembre 2022, p.15


PORTER LA COMMUNION : UN PRATIQUE À ÉCLAIRER

Parfois, lors des messes, des personnes demandent des hosties en présentant une custode (un porte-hostie). Parfois 2,3 et même 7 hosties.

Cette pratique met le ministre de la communion dans une situation très difficile, s’il n’y a pas eu d’entente préalable avec le pasteur de la communauté.

Il faut savoir que la communion en dehors de la messe est réservée aux personnes, âgées ou malades, qui ne peuvent pas participer à la célébration. Il faut que la communion soit portée à la personne en question le plus vite possible, pour éviter que l’hostie se retrouve un certain temps dans une poche de vêtement ou une bourse, ou même à la maison… sans qu’il y ait communion.

De plus, jamais, il n’est permis de se faire une réserve d’hosties pour son usage personnel en dehors de la messe ou pour les jours suivants.

On ne se communie pas soi-même; on apporte la communion à quelqu’un qui peut difficilement se déplacer. On lui apporte le pain eucharistique pour une communion immédiate, pas pour les jours suivants. Et surtout, on ne se communie pas soi-même. Ce serait une fausse dévotion! L’hostie ne se distribue pas comme on distribuerait des images.

Il faut savoir qu’on ne conserve pas non plus l’hostie chez soi en vue de l’adoration. L’adoration eucharistique se fait que dans les églises, les oratoires ou les chapelles approuvées par l’évêque.

Ces précisions devraient vous aider à comprendre les questions ou même les refus occasionnels des ministres de la communion lors des messes.

Richard Rivard, prêtre

Semainier paroissial, Paroisse Du-Bon-Pasteur, 22 septembre 2019


RÉFLEXION SUR LA RÉSURRECTION

La résurrection tient la place centrale dans la foi chrétienne; c’est aussi le mystère le plus mal compris.

Tout d’abord, la résurrection n’est pas seulement un phénomène de l’après-vie; elle est déjà commencée chez tous ceux et celles qui ont en eux la grâce divine. Car la grâce, c’est la vie même de Dieu en nous; elle est donc une semence de vie éternelle en germination dans notre humanité actuelle. Par la grâce, nous vivons au-dessus de nos moyens : nous pouvons connaître Dieu de sa propre connaissance et nous pouvons l’aimer de son propre amour. À la suite de la mort, par la résurrection, la vie divine se manifestera dans toute sa splendeur.

Plusieurs croient faussement que seule l’âme humaine ressuscite. Ils ont de la difficulté à s’imaginer que le corps puisse lui aussi participer à la résurrection. D’autres pensent à tort que la résurrection des corps serait une forme de réanimation de notre corps charnel, une sorte de miracle comme celui de la réanimation de Lazare. Enfin, un certain nombre se méprennent en considérant la résurrection comme un passage momentané dans l’au-delà avant de pouvoir se réincarner à nouveau.

Mais comment se réalisera la résurrection de l’après-vie? Avec la résurrection se manifestera la pleine révélation de la vie ou de la gloire divine en nous, non seulement dans notre âme mais aussi dans notre corps ressuscité. C’est alors que nous participerons à la vie de Dieu, le Père, qui a ressuscité son Fils Jésus par la force de l’Esprit, permettant ainsi à tous de vaincre la mort comme lui et de vivre de sa vie. Ce n’est pas en vertu de nos propres mérites que nous vivrons de la vie même de Dieu, mais en vertu de l’amour dont il a aimé tous les humains dans son Fils. C’est lui, Jésus Christ, qui, dans sa chair, a fait le passage de la mort à la vie et a promis de ressusciter tous ceux et celles qui croient en lui. N’a-t-il pas dit : « Je suis la Résurrection et la Vie » ?

Mais de quel corps s’agit-il? Il n’est sûrement pas question ici du corps charnel, mais plutôt d’un corps mystérieux, énergétique et lumineux qu’on appelle le « corps glorieux » ou corps spirituel.  C’est un corps qui retient l’identité du corps charnel sans en garder les qualités matérielles. Déjà, sur terre, le corps aura subi plusieurs transformations sans perdre son identité; il en sera de même dans la résurrection, où il sera transformé d’une manière plus radicale. Il deviendra un corps rayonnant de beauté et de maturité, un corps sans souffrance, un corps qui, au lieu de tenir l’âme prisonnière, en deviendra le parfait moyen d’expression. Il participera donc aux qualités spirituelles de l’âme, en lui obéissant en tout.

Il serait inconcevable que le corps, qui a été intimement lié à l’âme tout au long de la vie terrestre, ne participe pas lui aussi au rayonnement de la gloire du Christ cosmique, parfait reflet de l’amour de Dieu.

Extrait du livre Le temps précieux de la fin de Jean Monbourquette et de Denise Lussier-Russel, publié en 2011 chez l’éditeur Novalis (p. 190-191).